Un peu de moi

 Bienvenue à toi, lecteur !

Au moment où j’écris ces lignes, je ne sais pas quel sera leur devenir. Mais une sorte d’impériosité me pousse à prendre la plume. Je décide de ne pas me poser plus de questions et d’avancer.

 

Habituellement, je suis plutôt discrète, réservée et peu bavarde. Hormis les moments où mes racines italiennes, exubérantes, extravagantes, pointent le bout de leur nez !

Alors, pourquoi ce blog ?

Bonne question… à laquelle j’ai mis un peu de temps à répondre de manière honnête et sincère.

Il faut remonter un peu dans le temps…

J’ai choisi des études courtes, car je voulais bosser vite, prendre ma vie en main, être maître de mon destin et ne dépendre de personne.

Donc j’ai obtenu, vite et bien, mon BTS d’assistante de direction trilingue. C’était en juin 1979, à l’âge de 20 ans, et début juillet j’étais en poste dans une entreprise de Bâtiment en tant que secrétaire bilingue espagnol (en intérim). Pas de vacances, non mais !

Très vite j’ai occupé un poste d’assistante de direction en CDI et les responsabilités qui m’ont été confiées se sont avérées au fil des mois de plus en plus importantes.

J’aimais ça ! J’aimais travailler au côté de chefs d’entreprise brillants (qui a dit caractériels ?!) et si charismatiques.

J’aimais cette complicité, ce fonctionnement en binôme.

Mon égo était nourri par ces témoignages de confiance.

J’ai eu la chance de me plaire dans chacun des postes que j’ai occupés, d’où ma fidélité.

1983 (janvier) : premier licenciement économique.

Pas de problème ! J’en profite pour me perfectionner en anglais et reprends un poste au printemps 1984.

1990 (mars) : deuxième licenciement économique.

Là, retrouver un poste de même niveau s’avère un peu plus compliqué. J’en profite donc pour me perfectionner encore : stage intensif d’anglais, d’informatique. Deuxième bébé, la vie est belle !

1993 (août) : mes démarches aboutissent et je retrouve un poste d’assistante de direction où je me suis épanouie pendant treize ans. Jusqu’au jour où, les difficultés économiques, s’aggravant, je fais partie de la dernière charrette en juillet 2006 : c’est donc mon troisième licenciement économique. Gloup…

J’ai alors 46 ans et je reçois l’immense claque de ma vie…

Comme à mon habitude, je déploie toute mon énergie, j’explore toutes les pistes possibles, je m’investis à 200 % dans ma recherche d’emploi ; mais, cette montagne-là, je n’arrive pas à la conquérir.

Trop vieille ? Trop chère ?

Bien évidemment, je baisse mes prétentions, car l’argent n’est pas mon véritable moteur. Je me fais accompagner par différents organismes : BPI, Espace Cadres Marseille… Je suis testée, re-testée, re-re-testée. Peu à peu, je suis lasse d’entendre dire que je suis une perle? Une perle, peut-être, mais sans travail…

Qu’est-ce que la Vie attend de moi ? Qu’ai-je à accomplir ici-bas ? De quoi ai-je vraiment envie ?

La période se prête aux bilans…

Bien sûr, ma vie n’est pas parfaite, mais l’essentiel est là : des amis fiables, une famille aimante, un mari adorable, deux fils dont je suis fière (et il y a vraiment matière à l’être, car, en plus de tout le reste, se sont aussi deux mecs humainement tip top !).

Globalement, tout est là ; sauf que moi, sans travail, je suis en miettes. Et ce n’est pas une image bucolique. Si je m’arrête deux secondes, je suis pareille à ces SDF que j’aide modestement depuis plusieurs années par mon action au sein de l’association  Réflexe Partage :  laissée pour compte, au ban de la société.

Reflexe Partage

A l’intérieur, oui, je suis en miettes. Mais à l’extérieur rien n’y paraît ou alors si peu, si rarement.

Car, bien sûr, il ne faut surtout pas montrer une quelconque fragilité. Il faut se battre, y croire encore et toujours.

Au détour de mes recherches, je fais deux rencontres intéressantes :

- l’une, en avril 2007, avec l’association AVARAP qui accompagne les cadres en mutation. La méthode AVARAP dure environ neuf mois à raison d’une rencontre par semaine, en soirée. Ce que j’ai vraiment apprécié dans cette méthode, c’est qu’elle tient compte de la « personne » dans sa globalité ; on n’est pas seulement un « métier », assistante, DAF ou ingénieur ; on est par exemple Mathilde, 40 ans, ex-responsable de centre de profit, déracinée pour x raisons, ainée d’une famille de trois enfants, mariée ou divorcée ou encore célibataire, passionnée d’escalade et par les problématiques posées à l’adolescence.

Au fil des semaines, Mathilde va faire le point sur le film de sa vie : ce qu’elle a accompli, ce qu’elle aurait aimé vivre ; ses rêves, ses réussites, ses échecs. Ce bilan se fait à tous les niveaux, les seules limites étant celles de la personne elle-même… Jusqu’où veut-elle voir sa réalité ? Voir sans juger…

Cette démarche va peut-être conduire Mathilde à postuler de nouveau aux mêmes types de postes salariés… ou peut-être pas. Car Mathilde peut tout aussi bien s’orienter dans une autre voie pour laisser sa passion s’exprimer : l’organisation de stages d’escalade pour adolescents par exemple !

Selon moi, la méthode AVARAP aide à faire de vrais choix, en toute connaissance de cause.

En ce qui me concerne, elle m’a permis de mettre des mots sur ce que je savais déjà de manière plus ou moins floue : dans l’entreprise, je suis une véritable facilitante.

Ce n’est pas pour rien que « mon » dernier patron m’avait baptisée « Yellow Pages »… Une question épineuse, un souci, un dossier compliqué ? No problem, no panic, Yvette s’en débrouille !

Ce n’est pas par hasard que la vie m’a conduite à faire ce métier d’assistante de direction. J’aime aider, rendre service, prendre les choses en main, être un maillon précieux dans la réalisation d’objectifs entrepreneuriaux.

Merci donc à l’AVARAP de m’avoir permis de conscientiser le fait que tout le monde n’avait pas cette qualité et que j’en étais porteuse depuis toujours, sans effort.

- la deuxième rencontre s’est faite par le biais d’une réunion organisée par l’ANPE sur le thème de la création d’entreprise.

Moi qui avais décidé de continuer mon métier de manière différente, en indépendante, je pouvais être accompagnée dans ce projet par une structure spécialisée qui allait me guider dans le processus de création.

Après avoir réalisé la première étape : étude de marché, élaboration de mon offre commerciale, argumentaire, choix du statut juridique, business plan…, je pourrais même tester l’activité en grandeur nature et vérifier si mon projet était viable.

Le 10/01/2008 j’ai donc intégré la couveuse d’entreprise ADIJE dont l’équipe m’a patiemment conseillée tout au long de ce parcours et jusqu’à mon immatriculation, le 1er mars 2009.

Pour avoir discuté avec d’autres créateurs à l’échelon national, je sais que certains ont un avis mitigé, voire complètement négatif, sur leur parcours en couveuse.

Effectivement, cela dépend des structures et des humains qui en ont la responsabilité ! Mais cela dépend aussi de malentendus qui peuvent exister quant aux objectifs réels.

Donc si vous voulez vous lancer dans l’aventure, n’hésitez pas à poser toutes les questions qui vous turlupinent et à en discuter avec d’anciens couvés heu « entrepreneurs à l’essai » (oui, c’est notre petit nom pendant ce parcours !).

En tout cas, mon passage en couveuse m’a permis de mener à terme un projet qui me tenait à cœur.

En effet, passionnée par mon métier, je suis convaincue que, compte tenu de la situation économique désastreuse que nos sociétés traversent, et qui n’est pas près de se terminer, nous devons imaginer de nouvelles façons de travailler.

Les entreprises, quelle que soit leur taille, sont confrontées à des impératifs de rentabilité, de productivité et d’efficacité. Il en va de leur survie.

Certaines ont un volume d’activité suffisant pour embaucher et avoir à disposition un panel de compétences. Pour d’autres, ce n’est pas le cas : le chiffre d’affaires généré ne leur permet pas d’absorber cette charge financière permanente.

Une seule alternative : soit être continuellement débordé, sous pression, chronophagé par les tâches administratives ou de gestion, soit externaliser à un rythme choisi, en fonction de leur volant d’activité.

Cette deuxième option permet à l’entrepreneur de se libérer l’esprit des tâches périphériques qui, pourtant, si elles ne sont pas honorées, peuvent freiner, voire paralyser, son activité.

C’est donc pleine d’enthousiasme que le 1er mars 2009 je me suis immatriculée, sous le nom d’ALTENA CONSEILS, pour voler de mes propres ailes.

Altena Conseils - votre secrétaire indépendante

Assistance aux Dirigeants

Malgré ma maturité (ben oui, je ne suis plus une jeunette !), j’ai commis les erreurs de jeunesse du créateur débutant. J’en témoigne ici pour que mon expérience puisse peut-être servir à d’autres. Quelques erreurs à éviter :

Erreur N° 1

Confondre une journée de vie avec une journée de travail : vivre « entreprise », se réveiller « entreprise », se coucher « entreprise », rêver « entreprise »…!

Erreur N° 2

Reléguer aux oubliettes la vie de famille, les amis, les loisirs, les activités sportives, etc.

Erreur N° 3

Vouloir tout connaître du monde de l’entreprise, tout voir, tout savoir, participer à toutes les manifestations du tissu économique local, s’informer sur tout dans ces domaines (trop d’info, tue l’info !).

Erreur N° 4

Vouloir tout faire soi-même pour tout maitriser et/ou pour « économiser » : être le créateur, la secrétaire, le juriste, le comptable, le graphiste, le commercial, l’informaticien, etc !

Erreur N° 5

Ne pas savoir dire « non » aux sollicitations. Vous l’avez peut-être compris, mes maîtres-mots sont l’aide et le partage. Tout naturellement, je partage les infos utiles, les bons tuyaux, les expériences.

Tout naturellement, je conseille les consœurs et les confrères qui me sollicitent sur tel ou tel aspect du métier de secrétaire ou de créateur : comment choisir son statut ? Comment répondre à un devis compliqué ? « Critiquer » leur site internet, leur plaquette commerciale, etc.

Rien d’anormal à tout cela, bien au contraire !… sauf lorsque cela commence à prendre plus de 50 % d’un temps de travail classique !

Je me suis donc lancée dans l’entrepreneuriat à corps perdu.

C’est tellement vrai que j’en ai failli perdre mon corps… et tout le reste ici-bas.

23 octobre 2009 :

Le Taoumé, magnifique colline provençale (vous savez, c’est là où se trouve la grotte du Grosibou dans les romans « La Gloire de mon père » et « Le Château de ma mère » de Marcel Pagnol).

Le Taoumé vu du bas du Vallon des Escaouprès

Le Taoumé vu du bas du Vallon des Escaouprès

Dimanche de détente avec nos amis toulousains, paysages sublimes… Que du bonheur !

Sauf que je peine à gravir le sommet, je manque cruellement d’air, ça serre dans la poitrine.

Allez ma grande, tu ne vas pas t’arrêter pour si peu ! Le sommet est proche, nous allons bientôt pique-niquer. Allez, encore un effort ! Oui… mais je n’ai plus d’air.

Allez, tout le monde t’attend ; et puis, tes collines, ce n’est pas le Mont Blanc quand même ! Tu les as gravies tant de fois ; encore un petit effort, bonne mère !

Le Garlaban, vu du sommet du Taoumé

Le Garlaban, vu du sommet du Taoumé

Oui… mais NON. Là je m’affaisse dans la garrigue odorante. Je ferme les yeux, je cherche encore et toujours mon air. J’ai un étau dans la poitrine.

Après quelques minutes de repos, je reprends mes esprits, mon cœur renoue avec un rythme plus calme. Encore chancelante et étourdie, j’arrive à reprendre ma route ascendante, guidée par mon mari qui a rebroussé chemin. Oui oui, nous allons pique-niquer… plus que quelques mètres.

Oui oui, promis, dès demain j’irai voir un médecin…

L’air des cimes me fait du bien et ce panorama… c’est franchement superbe ! Les éventuelles tracasseries du quotidien s’évanouissent ; elles ne font pas le poids face à cette immensité ! Comme à chaque fois dans ces moments, je n’ai besoin de rien d’autre, tout est là : amour, amitié, beauté. Merci la Vie !

Rassasiés de beauté, nous amorçons notre descente. Je chancelle encore un peu, mais c’est quand même plus facile qu’à la montée !

Entrée de la Grotte du Grosibou (Taoumé)

Je suis rentrée par cette petite brèche dans la grotte du Grosibou

Nous faisons une halte à la buvette-snack « les Bartavelles » pour nous désaltérer et prendre congés de nos collines. Puis nous reprenons les voitures et retournons à la civilisation.

Ce soir-là, comme on dit chez nous, je n’ai pas fait long feu et je n’ai pas tardé à succomber dans les bras de Morphée.

Et puis, le lendemain, la vie a repris son cours : boulot… boulot… et boulot.

Le médecin ? Mais bien sûr, je vais y aller… dès que j’ai cinq minutes.

Deux jours après, je marchais tranquillement dans la rue pour aller faire une course ; je me sens un peu fatiguée, le simple fait de marcher lentement m’essouffle. Je suis lasse. L’épisode « Taoumé » me revient en tête. Non, je ne passerai pas le week-end ainsi…

Je termine rapidement ce que j’ai à faire, regagne ma voiture et, sur le chemin du retour, je m’arrête à une permanence médicale pour consulter un médecin.

Je lui explique rapidement ce qui m’amène. « Comment, Madame, vous êtes en voiture ? Vous avez pris l’autoroute ? Ce n’est pas prudent, il faut vous faire accompagner ». (Mais bien sûr ! et la marmotte… J’ai un chauffeur à demeure, no problem !).

Je ne réponds rien, garde mon calme ; ma seule hâte est de passer enfin ce sacré électrocardiogramme.

Le médecin bataille avec les câbles de l’appareil, puis avec le rouleau de papier ; il le met dans un sens, puis dans l’autre ; bredouille quelque excuse, appelle sa secrétaire à l’aide. Rien n’y fait. L’appareil fait la sourde oreille et refuse de fonctionner.

A court de solution, le médecin finit par me dire, embarrassé : « bon, vous ne pouvez pas rester comme cela, il va falloir aller aux urgences ».

Olà, je pressens le danger ; je me mets en mode « situation de crise » (je suis très efficace dans ces moments-là aussi !).

Le médecin me donne le choix, en fonction du lieu où nous nous trouvons : « urgences de l’hôpital de la Timone à Marseille ? Urgences de la Clinique « la Casamance » à Aubagne ? »

Je réponds à peine et ne peux m’empêcher de sourire intérieurement : alors mon coco, je peux prendre la voiture maintenant ? Je peux emprunter l’autoroute jusqu’à la Timone ? … Quel cirque !

En un clin d’œil, je me rhabille, remballe mes affaires, ma carte vitale. « Merci Docteur, au revoir Docteur, oui oui je suis prudente. »

Je reprends tranquillement ma voiture. Tous mes gestes sont étudiés.

Allez ma Vévette, tu connais bien le chemin, il n’y en a pas pour longtemps. Mais tu ne vas pas conduire à l’arrache ni en automate. Tu te concentres sur la route, tu es présente à l’instant ; tu es à l’écoute de ce qui se passe dans ton corps, dans ton cœur.

Je suis en alerte maximale, tout en empêchant l’émotive que je suis de sombrer dans la panique et le mélodrame.

Arrivée à la Clinique, et pendant que j’attends mon tour, je téléphone à mon cher et tendre qui doit commencer à se demander ce que je fabrique, car il est maintenant autour de 16 heures, bon poids. Je prends quelques précautions pour ne pas l’inquiéter : « allô mon chéri ? J’étais un peu fatiguée, essoufflée, alors je me suis arrêtée à la permanence médicale… électro en panne… urgences Casa. »

« Ah ? Bon… Ok… Je termine et j’arrive ».

Me voilà maintenant prise en charge et branchée à tous les appareils médicaux nécessaires. Prise de sang et tout le toutim.

Les infirmières entrent, sortent ; maintenant, c’est le tour du médecin de garde ; il ne peut dire grand-chose… Mais LE cardiologue va passer.

Et l’attente commence… Dur dur pour une impatiente chronique !

Et LE cardiologue finit par passer. Sceptique. Il a bien tout examiné. Il ne sait pas trop ce que j’ai… La prise de sang signale un taux de troponine élevé, ce qui signifie qu’il y a eu infarctus, mais l’électro est vraiment bizarre, très bizarre…

Infarctus ? Gloup… Ma gorge se serre.

« Je ne vais pas pouvoir vous laisser sortir ; il nous faut faire des examens complémentaires ».

Pas sortir ? Moi ? Euh… mais là il n’a pas bien compris le Môssieur. Moi je suis travailleuse indépendante et j’ai une cliente qui va me transmettre ses fichiers audio pour une retranscription et il faut que je lui rende le travail dans les délais, non mais !

Ben non… C’est la p’tite dame qui n’a pas compris. C’est sérieux, très sérieux.

Re-gloup !

Ok, ok, je reste.

Mais je négocie encore…

« Ok pour l’hospitalisation mais, avant, laissez-moi sortir pour que je puisse organiser mon absence. Et, promis, je reviens très vite » (mais il est déjà au moins 20h30…).

Face à ma détermination, celle du cardiologue vacille.

Il commence par me donner son accord puis se reprend très vite : « attendez, je retourne voir votre dossier avant » .

Lorsqu’il revient me voir, c’est un NIET catégorique. Et je sens qu’il n’y a plus rien à négocier.

La petite puce agitée que je suis à cet instant commence à prendre la mesure de la situation. Tout devient tellement dérisoire à l’occasion de certains rendez-vous… Tout se bouscule dans ma tête. Je lance un œil à mon mari : j’ai de la chance, c’est un roc, je peux compter sur lui.

Mais… ma cliente… comment vais-je faire ?

À cet instant, un SMS arrive sur mon portable ; c’est ma copine Sèv, à qui j’avais transmis un rapide message dans la soirée ; elle vient aux nouvelles.

Je la rappelle pour la tenir informée. Et là, je dois avouer que malgré les mois écoulés, je suis toujours scotchée !

De sa voix calme, je l’entends tranquillement me dire : « pour ta cliente, ne t’inquiète pas, je m’occupe de tout, je vais mobiliser l’équipe de choc (*). Et toi, repose-toi »

Et en deux temps-trois mouvements, tout était organisé, tout était solutionné.

Mon fils Loïc, resté à la maison, s’est mis aux commandes de ma boite mail : information de ma cliente, réception des fichiers, transfert des fichiers à Séverine…

Je me sentais soudain un peu plus légère !

À ce stade de mon récit, je choisis de passer rapidement sur les semaines qui ont suivi, pour ne pas t’ennuyer, lecteur. Cela a été une succession d’allers-retours plus ou moins brefs aux urgences, d’examens en tout genre : échographies multiples, coronarographie, doppler, holter, spider-flash (c’est un holter que l’on garde un mois au lieu de 24 heures), scanners, IRM, échocardiographie…

Au bout de l’entonnoir, le nom de ma maladie est sorti : « arythmie supraventriculaire » due à une « hypertrophie ventriculaire gauche ». C’est une cardiomyopathie, en d’autres termes, une maladie cardiaque génétique.

Les investigations continuent… Cette maladie m’a été léguée en héritage par ma grand-mère maternelle, décédée à l’âge de 40 ans d’une mort subite : elle est tombée brutalement dans la rue et a été terrassée. À l’époque, dans les années 40, on disait : « décédée d’une crise cardiaque », sans plus d’explications.

Et là, je reçois la seconde grande claque de ma vie : à ce stade des examens, il s’avère que je risque aussi la mort subite. Gloup…

Comment vivre avec une telle épée de Damoclès ?

Moi jusqu’alors invincible, je me réveille fragile et vulnérable… voire désemparée.

Difficile, même avec une pratique spirituelle, un travail sur soi de près de vingt ans, de trouver un sens à tout cela…

Les médecins m’expliquent, si je traduis en termes simples, que j’ai un gros cœur (oui, mes amis m’ont beaucoup taquinée avec cela !). Dans certaines circonstances, une artère se trouve prisonnière et le sang ne circule plus, provoquant une sorte d’infarctus avec nécrose d’une zone plus ou moins étendue.

Mon optimisme naturel en étendard, je m’esclaffe « eh bien, ce n’est pas grave. Avec ce qu’est capable de faire la médecine de nos jours, on doit pouvoir opérer et « désenserrer » l’artère ? »

Eh bien, non, ce n’est pas possible. Re-gloup…

Cette angoisse de tous les instants a duré neuf mois.

Neuf mois pendant lesquels ma cardiologue a cherché le traitement adéquat ;

Neuf mois parsemés d’allers-retours aux urgences ;

Neuf mois emplis de questionnements intérieurs ;

Neuf mois à l’écoute de tous les signaux que m’adressait mon cœur…

Et tout cela en continuant, cahin-caha, à développer mon activité professionnelle indépendante.

Jusqu’au jour où ma cardiologue m’a adressée à un Professeur de la Timone, grand spécialiste de ce type d’affection.

Ce fut la délivrance ; au vu de mon dossier bien fourni et d’examens complémentaires, il m’annonce tout de go que je ne risque pas plus que quelqu’un d’autre de succomber à une mort subite. Il n’est pas nécessaire non plus de m’implanter un défibrillateur.

Wouaouh ! Champagne pour tout le monde !

Je crois que je me souviendrai toute ma vie de cet instant ! il était 23 heures passées et je suis sortie de l’hôpital légère, légère… Mon mari et moi avions la banane jusqu’aux oreilles.

Alors, bien sûr, cette cardiomyopathie, je l’ai. Et je l’aurai jusqu’à mon dernier jour.

Il va falloir que j’apprenne à vivre avec ; à gérer mes malaises et mes 8 de tension ; que je m’astreigne chaque semestre à un suivi médical rigoureux. Mais ça, je devrais pouvoir y arriver !

J’en reviens maintenant à ma question de départ : pourquoi ce blog ?

Ma démarche initiale s’inscrit dans la suite logique de mon parcours, sous le signe du partage et de la transmission.

D’une part, je souhaite faire de ce blog un lieu où les entrepreneurs, en phase de création ou non, pourront trouver quelques réponses à leurs questions, quelques astuces et tuyaux, fruit de mon vécu ou provenant d’infos que je recueille quasi quotidiennement.

D’autre part, j’ai à cœur de promouvoir ici l’externalisation de certaines fonctions auprès des entreprises, en présentant les nombreux avantages qu’elles peuvent en retirer.

En effet, force est de constater que notre pays est en retard sur ces sujets par rapport à ce qui se pratique dans les pays anglo-saxons et scandinaves, où les entreprises recherchent tout naturellement en externe les compétences dont elles ne disposent pas en interne. [Management de l’externalisation Guide européen – voir p44 « Une Europe à double vitesse »]

Il s’est avéré qu’après avoir structuré cet espace, j’ai été happée par cette étrange rubrique, ce besoin impérieux de me livrer, en vérité.

Comme si, pour pouvoir continuer à donner autour de moi, j’avais à mettre un peu d’ordre…

De toute évidence, peu de personnes liront ce passage ; je sais bien, lecteur, que, à l’ère du zapping, j’ai été bien trop longue pour toi !

A posteriori, il m’apparaît que ces lignes sont principalement écrites pour moi, car elles me permettent d’exorciser ces souffrances passées, de les extérioriser et de faire qu’elles ne pèsent plus de manière indue sur mon présent et sur mon avenir.

J’ose pourtant les laisser inscrites sur cet espace public comme symbole d’une certaine transparence, qui m’est parfois difficile…

Pour que je n’oublie pas ce que le Ciel est venu me chuchoter à l’oreille avec cette maladie :

  • respecter mon rythme juste,
  • respecter mon essentiel,
  • respecter cette vie précieuse dont je suis porteuse.

Je sais que la peur de mourir, qui me tenaille encore parfois, n’est présente que pour m’indiquer que je viens d’oublier cet essentiel et qu’il m’est demandé d’en parsemer mes journées.

Pour qu’un jour je n’aie plus peur et puisse quitter la table, sereine, après avoir été bien nourrie et, j’ose espérer, un peu utile sur cette Terre.

Merci à mon mari, être pur ; à mes fils si précieux ; à ma famille.

Merci à mes amis, toujours fidèles.

Merci aux personnes de valeur qu’il m’est donné de rencontrer sur mon chemin.

En un mot, MERCI LA VIE !

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17 comments

  1. DUREL dit :

    Bonjour,

    Ouai j’ai lu jusqu’au bout et vous souhaite d’avoir toujours votre combativité qui vous accompagne.

    Une futur créatrice de prestation de service.

  2. Céline dit :

    Bravo ! et Merci pour ce témoignage !
    Je viens de lire votre blog « par hasard »… mais il n’y a jamais vraiment de hasard, n’est ce pas ?…
    Et je me reconnais un peu…
    J’espère que tout va bien pour vous et je vous souhaite une bonne continuation !
    Céline
    (je suis actuellement sous contrat CAPE avec un projet similaire au vôtre)

  3. Yvette dit :

    Bonjour Mlle Durel, Bonjour Céline,
    C’est incroyable l’informatique… Je n’ai pas encore mis mon blog en ligne car la Vie m’a détournée pour l’instant de ce projet et je prends connaissance ce soir de vos 2 commentaires. Je vous en remercie :)
    Mais comme le dit Céline il n’y a pas de hasard ! Peut-être est-il l’heure pour moi de donner vie à ce blog…
    Je vous souhaite une pleine réussite dans vos projets et vous dis à bientôt peut-être !

  4. Tranchant Christel dit :

    Bonjour,

    Moi aussi c’est un peu par hasard que je tombe sur votre témoignage très touchant et je vous souhaite de poursuivre votre combat et de prendre soins de vous.
    Je me reconnais à travers la 1ère partie de votre témoignage, j’ai arrêté l’école tôt car j’étais très attirée par le monde du travail, au bout de quelques belles années d’expérience, mon choix de vie s’est portée vers la province pour avoir une qualité de vie meilleure et j’ai connu en juillet dernier mon 2ème licenciement économique… bizarrement je ne suis pas très affectée, je sors d’une entreprise dite « familiale » ou la considération était moindre malgré toujours plus de travail et un investissement colossal permettant aux dirigeants concernant de prendre leurs aises et de me déléguer leurs parties de travail….. une secrétaire « bonne à tout faire comme j’appelle », j’ai 40 ans et j’envisage de travailler pour moi à 400% puisque l’investissement que l’on donne aux autres à 200% n’est jamais assez et mal payé… donc voilà je suis en cours pour me lancer, tranquillement, gentiment, vers ma propre petite entreprise, pas mal d’embuches et de découragements parfois face aux portes qui se ferment face à une conjoncture difficile, alors je m’accroche. Je vous souhaite bon rétablissement et à très bientôt j’espère, Merci pour votre blog sur lequel je reviendrai régulièrement avec plaisir.
    Bien amicalement
    Christel

    • YvetteYvette dit :

      Bonsoir Christel !
      Merci pour votre message et pour votre partage d’expérience. Vous verrez, la route est semée d’embûches mais elle vous fera grandir à tous points de vue. Gardez confiance en vous quoi qu’il arrive et ne perdez pas de vue vos objectifs essentiels. A bientôt :)

  5. Karine dit :

    Bonjour et Merci pour votre témoignage qui vient de me faire prendre conscience que, moi aussi, je suis une « facilitante »! J’ai 40 ans, bientôt licenciée, j’envisage de rejoindre le clan des assistantes indépendantes….Je sais que la conjoncture actuelle est loin d’être favorable et que le parcours jusqu’à la création de mon entreprise s’avère ardu mais je pense avoir pris ma décision.
    Merci pour votre blog auquel je souhaite une longue vie!
    Karine

  6. NICOL Lydie dit :

    Bonjour Yvette,

    J’espère que tout va bien pour vous, je tombe ce jour par hasard sur votre blog, j’aurai aimé en lire plus.
    Je souhaite aussi me lancer en tant qu’entrepreneur secrétaire indépendante. Merci pour vos précieux conseils !
    Bien à vous,
    Lydie

  7. Bonjour, comme tout le monde je suis tombé par hasard sur votre blog, et c’est vraiment touchant votre témoignage en tout cas. C que je te souhaite c’est d’aller jusqu’au bout, j’ai beaucoup tiré de leçon sur votre blog. Merci encore et à bientôt

  8. A3com dit :

    Merci pour ce témoignage, c’est une très bonne leçon pour les jeunes télésecrétaires indépendante : ne jamais abandonner et aller jusqu’au bout.

  9. Ascomarket -Jessica dit :

    Bonjour,

    Je suis tombée sur votre blog par hasard et je le trouve magnifiquement rédigé.

    Merci pour cette belle lettre et ce moment de vie partagée. Effectivement ne pas oublier que nous sommes des humains et non des machines. Merci a vous.

  10. wawwww… c’est fascinant votre témoignage. Merci pour ce moment de vie partagé avec nous, votre message est incroyable, ça m’a vraiment touché.

  11. Camille T dit :

    bonjour,
    je me suis reconnue dans votre histoire. Je suis indépendante en immobilier et j’ai du me faire opérer en urgence suite à de grosses difficultés respiratoires. Dans le fait d’être indépendante, voici le gros souci : gérer son absence en urgence, personne pour prendre la suite, j’ai dû envoyer des SMS en à tout le monde le lendemain de mon opération pour gérer une vente immobiliere. pas un merci pas de reconnaissance, çà aussi c’est dur à avaler

  12. Bonjour , Merci pour ce témoignage touchant qui me donne une dose de motivation pour travailler plus et de jamais abandonner

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